COMPILATION SUR L'ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Cette compilation contient une sélection des écrits bahá'ís et des
déclarations de la communauté internationale bahá'íe concernant
l'environnement et le développement durable qui existent
en traduction française. Il est donc un peu moins complète que
l'équivalent en anglais.
TABLE DE MATIÈRES
Role de principes
spirituels
L'ENVIRONNEMENT
Les origines de l'univers
La nature
L'évolution
L'approche bahá'íe envers la nature
Principes écologiques
La durabilité environnementale
DURABILITÉ ÉCONOMIQUE
Non-durabilité de l'ancien ordre mondial
Principes pour un nouvel ordre
économique
Justice
Pauvreté et richesse
Contentement
Distribution de la richesse
Le capitale et l'emploi
Le travail
Construire un nouvel ordre mondial
DURABILITÉ SOCIALE
L'unité
La place de l'humanité dans le monde naturel
La civilisation materielle
Connaissance et science
ROLE DE PRINCIPES SPIRITUELS
L'omniscient Médecin tient sous son doigt le pouls de l'humanité. Il
diagnostique la maladie et, en son infaillible sagesse, il prescrit le
remède. Tout âge a son problème propre, toute âme son aspiration
particulière. Le remède qui convient aux afflictions du présent jour ne
saurait être celui que réclameront les maux d'un âge ultérieur.
Enquérez-vous soigneusement des besoins de l'âge où vous vivez et que
toutes vos délibérations portent sur ce que cet âge exige et requiert.
(Bahá'u'lláh, Extraits
des Ecrits de Bahá'u'lláh, MEB, 106, p. 140)
Chaque problème social peut être résolu à l'aide de principes spirituels
ou de ce que certains appellent des valeurs humaines. De manière
générale, tout groupe bien intentionné peut trouver des solutions
pratiques à ses problèmes, mais bonnes intentions et connaissances
pratiques ne suffisent généralement pas. Le mérite essentiel du
principe spirituel consiste non seulement à présenter une perspective
concordant avec l'élément immanent de la nature humaine, mais aussi à
stimuler une attitude, une dynamique, une volonté, une aspiration qui
permettent la découverte et la mise en oeuvre de mesures pratiques.
(Maison Universelle de Justice, Promesse
de la Paix mondiale, 1985, p. 16.)
L'ENVIRONNEMENT
LES ORIGINES DE L'UNIVERS
...ce monde, c'est-à-dire cet univers infini, n'a pas eu de
commencement.... ...il se peut qu'une des parties des contingences, une
des planètes par exemple, soit nouvellement venue au monde ou doive
prochainement être annihilée; mais les autres planètes infinies existent.
L'univers ne disparaîtra pas, ne s'éteindra pas : au contraire, la vie est
éternelle et perpétuelle.
('Abdu'l-Bahá, Les
leçons de Saint-Jean d'Acre, Paris, PUF, 5e ed., 1982, p. 186)
Ce qui a existé avait déjà existé auparavant, mais pas sous la forme que
tu vois aujourd'hui. Le monde de l'existence fut appelé à la vie par la
chaleur engendrée par l'interaction entre la force active et ce qui est
son récepteur.
(Bahá'u'lláh, Les
Tablettes de Bahá'u'lláh, p. 149)
Donc il est évident qu'à l'origine la matière est une, et qu'elle est
arrivée à une forme spéciale dans chaque élément. Ainsi ont été produites
les formes variées; une fois produites, chacune s'est trouvée permanente,
et les éléments ont été spécialisés; mais cette confirmation ne fut
définitive, n'arriva à la réalisation et à l'existence parfaite qu'après
un très long temps. Alors ces éléments se combinèrent, s'arrangèrent, se
mélangèrent dans des formes infinies, ou plutôt, de la combinaison et du
mélange de ces éléments, des existences apparurent à l'infini.
('Abdu'l-Bahá, Les
leçons de Saint-Jean d'Acre, Paris, PUF, 5e ed., 1982, p. 187)
De la même façon, il est évident que ce globe terrestre, ayant pris
naissance dans le sein de l'univers, s'y étant développé et étant parvenu
à des formes et à des conditions variées, est arrivé par degrés à l'état
de perfection actuelle, qu'il a été orné de créatures innombrables, et
qu'il a ainsi resplendi dans son établissement définitif.
('Abdu'l-Bahá, Les
leçons de Saint-Jean d'Acre, Paris, PUF, 5e ed., 1982, p. 188)
LA NATURE
La nature est la volonté de Dieu, elle est son expression dans et à
travers le monde contingent.
(Bahá'u'lláh, Les
Tablettes de Bahá'u'lláh, p. 148)
Cette Nature est soumise à une organisation absolue, à des lois
déterminées, à un ordre complet, et à un plan achevé dont elle ne s'écarte
jamais. A tel point que, pour qui examine d'un regard minutieux et d'un
oeil acéré, depuis le plus petit atome existant jusqu'aux plus grands
corps de l'univers, comme le globe solaire ou les autres astres et corps
lumineux, tout, soit au point de vue de l'arrangement ou de la
composition, soit sous le rapport de la forme ou du mouvement, est
absolument organisé; et tout est sous l'empire d'une loi universelle, dont
il n'y a pas moyen de s'écarter.
('Abdu'l-Bahá, Les
leçons de Saint-Jean d'Acre, Paris, PUF, 5e ed., 1982, ch. 1,
p.11)
Par nature, on entend ces propriétés inhérentes des choses et ces
relations nécessaires qui découlent de la réalité des choses. Ces réalités
quoiqu'infiniment diverses sont toutefois intimement reliées entre elles.
('Abdu'l-Bahá, Lettre
d'Abdu'l-Bahá au professeur Auguste Forel, Bruxelles, MEB, 3e
éd., 1974, p.13)
L'ÉVOLUTION
...de même que l'homme, dans le sein de sa mère, a passé d'une forme à
une autre, d'un état à un autre, a changé et évolué, et néanmoins, depuis
le commencement de la période embryonnaire, a toujours appartenu à
l'espèce humaine, de même, l'homme, depuis le commencement de l'existence
dans le sein du monde, a appartenu à l'espèce supérieure, l'humanité, et
il a passé peu à peu d'un état à un autre.
('Abdu'l-Bahá, Les
leçons de Saint-Jean d'Acre, Paris, PUF, 5e ed., 1982, ch. 49,
p. 200)
De même, la croissance et le développement de tous les êtres se font par
degrés; c'est la règle générale de Dieu et l'ordre de la nature.
('Abdu'l-Bahá, Les
leçons de Saint-Jean d'Acre, Paris, PUF, 5e ed., 1982, ch. 51,
p. 205)
Toutes les créatures, grandes ou petites, ont été créées, dès le début,
complètes et parfaites; seulement les perfections apparaissent en elles
peu à peu. La loi de Dieu est une, l'évolution de l'existence est une,
l'ordre divin est un; les êtres, faibles ou forts, sont soumis à une loi
et à un ordre uniques.
('Abdu'l-Bahá, Les
leçons de Saint-Jean d'Acre, Paris, PUF, 5e ed., 1982, ch. 51,
p. 205)
...tous ces êtres innombrables qui peuplent le monde, l'homme, l'animal,
le végétal, le minéral, quels qu'ils soient, sont chacun des composés
d'éléments; et il n'y a pas de doute que cette perfection de tous les
êtres provient de ce que Dieu les a créés par une combinaison d'éléments
mélangés en proportions déterminées, de la nature de leur constitution
ainsi que de l'interaction des autres êtres. Par conséquent, tous les
êtres sont liés les uns aux autres comme les anneaux d'une chaîne; et
cette assistance, cette influence réciproques sont de l'essence des choses
: elles produisent l'existence, la croissance et le développement des
créatures.
('Abdu'l-Bahá, Les
leçons de Saint-Jean d'Acre, Paris, PUF, 5e ed., 1982, chpt.
46, p. 184)
L'APPROCHE BAHÁ'ÍE ENVERS LA NATURE
Etant donné que l'homme a été créé pour être le maître de la nature,
quelle folie de sa part d'en devenir l'esclave ! Quel aveuglement et
quelle stupidité d'honorer et d'adorer la nature quand Dieu, dans sa
bonté, nous en a fait les maîtres.
('Abdu'l-Bahá, Causeries
d''Abdu'l-Bahá à Paris, 3e ed., p. 104)
Si... tu considères l'intime essence de toutes choses, et l'individualité de chacune en particulier, tu contempleras les signes de la miséricorde de ton Seigneur dans chaque chose créée, et tu verras les rayons diffus de ses noms et attributs à travers le monde de l'existence.... Tu observeras alors que l'univers est comme un manuscrit dont les intimes secrets, conservés dans la tablette bien gardée, sont mis au jour. Il n'est pas un atome parmi tous les atomes existants, pas une créature parmi les créatures, qui ne célèbre ses louanges, ne déclame ses attributs et ses noms, ne révèle la gloire de sa puissance et ne s'oriente vers son unicité et sa miséricorde....
Chaque fois que tu contempleras la création tout entière et en observeras
chaque atome, tu constateras que les rayons du Soleil de Vérité illuminent
toutes choses et brillent à l'intérieur de chacune d'elles, célébrant les
splendeurs de cette Etoile du matin, ses mystères et le rayonnement de ses
lumières. Regarde les arbres, les fleurs et les fruits, et même les
pierres. Là aussi, tu contempleras les rayons du soleil, clairement
visibles en toutes ces choses, et qu'elles manifestent.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 19, p. 40-41)
Nous ne pouvons séparer le coeur humain de l'environnement extérieur, et
déclarer qu'une fois l'un des éléments corrigés, tout s'améliorera.
L'homme fait partie du monde. Sa vie intérieure modifie l'environnement et
est à son tour profondément affectée par celui-ci. Leur action est
interdépendante et tout changement permanent dans la vie d'un homme
résulte de ces réactions mutuelles.
(Le secrétaire de Shoghi Effendi,
extrait d'une lettre du 17 février 1933 à un croyant)
Considérez le monde des créatures: quelle diversité et quelles variétés
dans leurs espèces, bien qu'elles aient une même origine. Toutes les
différences visibles sont celles des formes extérieures et des couleurs.
Cette diversité dans les types se retrouve partout dans la nature.
Regardez... la beauté dans la diversité et l'harmonie, et tirons une leçon
du monde végétal. Si vous regardez un jardin dont toutes les plantes
présentent la même forme, la même couleur et le même parfum, loin de vous
sembler beau, il vous paraîtra plutôt triste et monotone. Le jardin qui
réjouit les yeux et le coeur est celui où poussent côte à côte des fleurs
de toutes couleurs, de toutes formes et de tous parfums. C'est cet heureux
contraste de couleurs qui en fait le charme et la beauté. Il en est de
même pour les arbres. Un verger rempli d'arbres fruitiers est un lieu de
délices, de même qu'une plantation d'arbustes de toutes sortes. C'est
précisément la diversité et la variété qui en font l'attrait: chaque
fleur, chaque arbre, chaque fruit, outre sa beauté particulière, fait
ressortir les qualités des autres et souligne la grâce spéciale de chacun
et de tous.
('Abdu'l-Bahá, Causeries
d''Abdu'l-Bahá à Paris, 3e ed., p. 45-46)
En résumé, ce n'est pas seulement leurs semblables que les bien-aimés de Dieu doivent traiter avec miséricorde et compassion; leur bienveillance doit se manifester à l'égard de chaque créature vivante.... Les sentiments sont identiques - que vous infligiez une douleur à un homme ou à une bête....
Formez vos enfants, dès le plus jeune âge, à se montrer tendres et
aimants envers les animaux. Si un animal tombe malade, que les enfants
s'efforcent de le guérir; s'il a faim, qu'ils lui donnent à manger; s'il a
soif, qu'ils le désaltèrent et, s'il est épuisé, qu'ils veillent à lui
procurer du repos.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 138, p. 158)
Ne blesse pas le serpent dans la poussière
Et, pire encore, ne blesse pas un homme.
Si tu le peux,
N'effraie pas la fourmi;
Surtout, ne frappe pas ton frère.
('Abdu'l-Bahá, Sélection des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 206, p. 254)
La campagne est le monde de l'âme, la ville est le monde des corps.
(Bahá'u'lláh, dans J.E. Esslemont, Bahá'u'lláh
et l'Ère Nouvelle, p. 47)
PRINCIPES ÉCOLOGIQUES
...la coopération et la réciprocité sont des propriétés essentielles
inhérentes au système unifié du monde de l'existence et sans lesquelles la
création tout entière serait réduite au néant.
('Abdu'l-Bahá, in Compilation
on Huququ'lláh, p. 14-15; Compilation
on Social and Economic Development, p. 12)
Dans le monde physique de la création, toutes les choses mangent et sont
mangées à la fois : la plante s'abreuve au minéral, l'animal consomme la
plante l'homme se nourrit de l'animal et le minéral dévore le corps
humain. Les corps physiques sont transférés d'une barrière à l'autre,
d'une vie à une autre, et tout est soumis aux altérations et aux
transformations, tout sauf la Cause de l'existence elle-même - car Il est
constant et immuable, et c'est sur Lui que se fonde l'existence de chaque
espèce, de chaque réalité contingente à travers la création tout entière.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 137, p. 156)
LA DURABILITÉ ENVIRONNEMENTALE
Les Écritures Bahá'íes décrivent la nature comme le miroir du sacré. Elles enseignent que la nature doit être valorisée et respectée, mais non pas idolâtrée. Plutôt, elle doit soutenir les efforts de l'humanité pour promouvoir une civilisation à l'avancée perpétuelle. Toutefois, eu égard à l'interdépendance de tous les segments de la nature, et de l'importance de l'évolution et la diversité "dans la beauté, l'efficacité, et la perfection du tout", aucun effort ne doit être ménagé afin de conserver à la terre sa bio-diversité et son ordre naturel.
En tant que tributaires, ou régisseurs des vastes ressources et de la
diversité biologique de la planète, l'humanité doit apprendre à exploiter
les ressources naturelles de la terre, qu'elles soient renouvelables ou
non, d'une manière qui en assure le caractère durable et équitable jusque
dans un avenir lointain. Cette régie exigera une connaissance pleine et
entière des conséquences écologiques possibles, afférentes à toute
activité humaine. Elle obligera l'humanité à tempérer ses actions avec de
la modération et de l'humilité, se rendant compte que la vraie valeur de
la nature ne peut s'exprimer en termes économiques. Elle exigera aussi une
profonde compréhension du monde naturel et de son rôle dans le
développement collectif de l'humanité - aussi bien matériel que spirituel.
Ainsi, l'exploitation d'un environnement durable doit être considérée non
pas comme une responsabilité discrétionnaire, que l'humanité peut peser
contre d'autres intérêts en lice, mais plutôt comme une obligation
fondamentale qui doit être assumée - une condition préalable au
développement spirituel ainsi qu'à la survie physique de
l'individu.
(Communauté Internationale Bahá'ie
(1998), Place et importance de la
spiritualité dans le développement)
DURABILITÉ ÉCONOMIQUE
NON-DURABILITÉ DE L'ANCIEN ORDRE MONDIAL
Malheureusement, un trop grand nombre de ces idéologies [créées par
l'homme]... ont eu tendance... à abandonner sans pitié des millions
d'affamés au libre jeu d'un système de marché qui aggrave sans conteste la
misère de la majorité de la race humaine, tout en permettant à d'infimes
minorités de vivre dans une aisance que nos ancêtres ne pouvaient même pas
imaginer.
(La Maison Universelle de Justice, Promesse
de la Paix mondiale I, 1985)
Nous sommes arrivés au stade où ceux qui prêchent les dogmes du
matérialisme, que ce soit de l'Est ou de l'Ouest, que ce soit du
capitalisme ou du socialisme, doivent rendre compte de la direction
spirituelle qu'ils ont prétendu exercer. Où est le «nouveau monde» annonce
par ces idéologies ? Où est la paix internationale dont ils affirment
promouvoir les idéaux ? Oû sont les percées dans de nouveaux domaines de
réalisation culturelle produites par l'exaltation de telle race, nation ou
classe ? Pourquoi la vaste majorité des peuples du monde s'enfonce-t-elle
sans cesse plus profondément dans la famine et la misère alors que les
arbitres actuels des affaires humaines disposent de richesses énormes que
n'auraient pu concevoir ni les pharaons, ni les empereurs romains, ni même
les puissances impérialistes du XIX siècle ?
(La Maison Universelle de Justice, Promesse
de la Paix mondiale I, 1985)
L'histoire montre que les idéaux matérialistes n'ont pas su répondre aux
besoins de l'humanité et ceci devrait nous amener à reconnaître en toute
honnêteté que de nouveaux efforts doivent maintenant être entrepris pour
résoudre les problèmes déchirants de la planète.
(La Maison Universelle de Justice, Promesse
de la Paix mondiale I, 1985)
Si des idéaux longuement caressés et des institutions dont la réputation
n'est plus à faire, si certaines hypothèses sociales et certaines formules
religieuses ont cessé de promouvoir le bien-être de l'ensemble de
l'humanité, s'ils ne répondent plus aux besoins d'une humanité en
constante évolution alors, balayons-les et reléguons-les là où vont les
doctrines désuètes et oubliées. Pourquoi, dans un monde soumis aux lois
immuables du changement et de l'usure, seraient-ils à l'abri de la
dégradation qui doit forcément gagner toute institution humaine ? Car les
normes juridiques, les théories politiques et les doctrines économiques
sont uniquement destinées à protéger les intérêts de l'humanité vue dans
une perspective globale et l'humanité n'a pas à être sacrifiée pour
préserver l'intégrité d'une loi ou d'une doctrine particulière.
(Shoghi Effendi, L'Ordre
mondial de Bahá'u'lláh, cité dans La Maison Universelle de
Justice, Promesse de la Paix mondiale
I, 1985)
Le dogmatisme matérialiste, après avoir pénétré et maitrisé les centres
de pouvoir et d'information à l'échelle mondiale, fit en sorte qu'aucune
voix rivale ne puisse mettre en cause les projets de l'exploitation
économique mondiale.
(Communauté internationale baha'ie,
Une seule et même Foi, 2005, p.
3)
PRINCIPES POUR UN NOUVEL ORDRE ÉCONOMIQUE
Dans les cycles précédents, l'harmonie fut établie; toutefois, les moyens
faisant défaut, l'unité de l'humanité tout entière n'aurait pu être
réalisée. Les continents demeuraient fortement divisés et, même parmi les
peuples d'un seul et même continent, l'association et les échanges d'idées
étaient presque impossibles. En conséquence, le dialogue, la compréhension
et l'unité entre tous les peuples et tribus de la terre ne pouvaient se
réaliser. De nos Jours, cependant, les moyens de communication se sont
multipliés et les cinq continents du globe ont en fait été unifiés. Pour
chacun d'entre nous il est aisé désormais de voyager vers n'importe quelle
destination, de nous mêler aux autres peuples et d'échanger des opinions
avec eux, de se familiariser, grâce à la lecture, avec les conditions de
vie, les croyances religieuses et la pensée de tous les hommes. De même,
tous les membres de la famille humaine - qu'il s'agisse de peuples ou de
gouvernements, de villes ou de villages- sont toujours plus
dépendants les uns des autres. L'autarcie n'est plus possible pour
quiconque, dans la mesure où des liens politiques unissent tous les
peuples et les nations et où les relations commerciales, industrielles,
agricoles et pédagogiques s'intensifient jour après jour. L'unité de toute
l'humanité peut donc aujourd'hui être réalisée.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 15, p. 31)
Au nombre des enseignements de Bahá'u'lláh, nous trouvons l'idée selon
laquelle, bien que la civilisation matérielle soit l'un des moyens
concourant au progrès du monde humain, tant qu'elle ne sera pas associée à
la civilisation divine, le résultat souhaité, à savoir le bonheur de
l'humanité, ne sera pas atteint. Réfléchissez bien! ...toutes ces armes de
guerre sont les fruits pernicieux de la civilisation matérielle. Si celle
- ci avait été associée à la civilisation divine, ces armes terrifiantes
n'auraient jamais été inventées. Bien au contraire, l'énergie humaine
aurait été entièrement consacrée à des inventions utiles et se serait
concentrée sur des découvertes dignes de louange. La civilisation
matérielle est comme le verre d'une lampe. La civilisation divine est
l'ampoule elle-même: sans la lumière, le verre reste obscur. La
civilisation matérielle est comme le corps. Aussi gracieux, élégant et
beau qu'il puisse être, il est inanimé. La civilisation divine est comme
l'esprit; le corps reçoit la vie de l'esprit, sans lequel il devient un
cadavre. Ainsi, il a été prouvé que le monde de l'humanité a besoin des
souffles de l'Esprit Saint. Sans l'esprit, le monde de l'humanité est
privé de vie et, sans cette lumière, le monde de l'humanité est plongé
dans une obscurité totale, car le monde de la nature est un monde animal.
Tant que l'homme ne renaît pas du monde de la nature, c'est-à-dire tant
qu'il ne se détache pas de ce monde, il est essentiellement un animal, et
ce sont les enseignements de Dieu qui transforment en une âme humaine cet
animal.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 227, p. 302-303)
Au centre de la tâche qui consiste à conceptualiser de nouveau l'organisation des affaires humaines, se trouve la bonne compréhension du rôle de l'économie. L'inaptitude à resituer l'économie dans le contexte plus vaste de l'existence sociale et spirituelle de l'humanité, a mené à un matérialisme virulent dans les régions économiquement les plus avantagées du monde, et à la persistance de l'état de manque parmi la grande majorité de peuples du monde. L'économie devrait servir les besoins des peuples. Les sociétés ne devraient pas avoir à se soumettre à des bouleversements afin de s'adapter à des modèles économiques. La fonction ultime des systèmes économiques devrait être d'armer les peuples et les institutions du monde avec les moyens susceptibles d'atteindre le vrai but du développement : en d'autres termes, l'extension d'un potentiel sans limites, à l'état latent dans la conscience humaine.
La société doit mettre au point des modèles économiques, issus des points
de vues provenant d'une compréhension compatissante d'une même expérience
partagée, celle qui considère les êtres humains les uns par rapport aux
autres, et de la reconnaissance du rôle central que jouent la famille et
la communauté dans le bien-être social et spirituel. Un réexamen des
priorités doit avoir lieu au sein des institutions et des organisations.
Des ressources allouées à des agences ou programmes ayant des effets
néfastes sur l'individu, les sociétés et l'environnement doivent être
redistribuées et dirigées vers ceux plus à même de favoriser un ordre
social dynamique, juste et prospère. De tels systèmes économiques seront
de nature fortement altruiste et coopérative ; ils fourniront des emplois
utiles et aideront à l'éradication de la pauvreté dans le monde.
(Communauté Internationale Bahá'ie
(1998), Place et importance de la
spiritualité dans le développement)
JUSTICE
A mes yeux, ce que j'aime par-dessus tout est la justice; ne t'en écarte
pas si c'est moi que tu désires, et ne la néglige pas afin que je puisse
me fier à toi. Par elle, tu pourras voir par tes propres yeux et non par
ceux des autres, et tu pourras comprendre par ton propre savoir et non par
celui du prochain.
(Bahá'u'lláh, Les
Paroles Cachées (arabe) 2, p. 9)
Au nombre des enseignements de Bahá'u'lláh, on trouve encore les notions
de justice et de droit. Tant que ceux-ci ne seront pas réalisés sur le
plan de l'existence, toutes choses en ce monde seront en désordre et
demeureront imparfaites. Le monde humain est un monde d'oppression et de
cruauté, un royaume d'agression et d'erreur.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 227, p. 303)
La justice est la seule force qui puisse transformer la conscience
naissante de l'unité de l'humanité en une volonté collective capable
d'ériger sereinement les structures nécessaires à une vie communautaire
mondiale. A une époque où il est de plus en plus facile aux peuples du
monde d'avoir accès à une information multiforme et à une grande diversité
d'idées, la justice s'imposera comme le principe directeur d'une
organisation sociale réussie. Il faudra de plus en plus souvent soumettre
le projet de développement de la planète à l'éclairage impartial de ses
normes....
(Communauté internationale bahá'íe,
Vers une humanité prospère,
1995)
Le souci de justice protège la tâche de définir le progrès de la
tentation de sacrifier le bien-être de la majeure partie de l'humanité -
voire de la planète elle-même - au nom de progrès technologiques dont les
retombées ne bénéficient qu'à des minorités privilégiées.... Mais
surtout, seuls les programmes de développement susceptibles de satisfaire
les besoins de l'humanité et dont les objectifs sont considérés justes et
équitables auront des chances de gagner l'adhésion de masses dont dépend
leur mise en oeuvre. Si tous les membres de la société - voire tous les
groupes qui la composent - étaient assurés que des règles les protègent et
qu'ils bénéficieront tous équitablement des fruits escomptés, ils
réussiraient à faire preuve de qualités d'honnêteté, d'ardeur au travail
et d'esprit de coopération nécessaires à la réalisation de grands
objectifs collectifs, même astreignants.
(Communauté internationale bahá'íe,
Vers une humanité prospère,
1995)
PAUVRETÉ ET RICHESSE
Les problèmes de nourriture, d'alimentation et d'habitat sont au centre même du défi qui consiste à assurer un niveau de vie adéquat à tous les membres de la famille humaine. Ces problèmes ne peuvent, toutefois, être abordés uniquement comme des problèmes techniques ou économiques. L'élimination de la faim et de la malnutrition, la mise sur pied d'une sécurité alimentaire, la garantie d'un habitat adéquat, et la santé pour tous exigeront un changement de valeurs, un dévouement à l'équité, et une orientation nouvelle des politiques, des buts et des programmes.
A l'heure actuelle, nous disposons des technologies et ressources
nécessaires à la satisfaction des besoins élémentaires de l'humanité, et à
l'élimination de la pauvreté. L'équité dans l'utilisation de ces
technologies et de ces ressources, toutefois, ne verra le jour qu'après
l'accession à une certaine compréhension et un certain dévouement. Alors
que les individus doivent faire de leur mieux pour subvenir à leurs
besoins et à ceux de leurs familles, la communauté doit assumer la
responsabilité, quand le besoin s'en fait sentir, d'assurer la
satisfaction des besoins fondamentaux. L'accès aux programmes de
développement et à leurs bénéfices doit être à la portée de tous. Les
mécanismes de la production et de la distribution alimentaire doivent être
orientés différemment, et le rôle crucial du fermier dans la sécurité
alimentaire et économique reconnu à sa juste valeur. Quant à la santé - le
bien-être physique, spirituel, social et psychologique de l'individu -
l'accès à une eau potable, un habitat, et une forme quelconque de
combustible bon marché, représenteraient un progrès immense dans
l'éradication des problèmes qui assaillent de nombreux individus et
communautés.
(Communauté Internationale Bahá'íe
(1998), Place et importance de la
spiritualité dans le développement)
Sachez que la richesse est en vérité une puissante barrière entre le
chercheur et son Désir, entre l'amoureux et son Bien-Aimé. Les riches,
sauf un petit nombre, ne parviendront par aucun moyen à la cour de sa
présence et n'entreront point dans la cité du contentement et de la
résignation....
(Bahá'u'lláh, Les
Paroles Cachées (persan) 53)
Ne sois pas troublé dans la pauvreté ni confiant dans la richesse, car à
la pauvreté succède la richesse, et après la richesse vient la pauvreté.
Toutefois, être dénué de tout, hormis de Dieu, est un bienfait merveilleux
n'en amoindris pas la valeur car, à la fin, il te rendra riche en Dieu....
(Bahá'u'lláh, Les
Paroles Cachées (persan) 51)
Purifie-toi de la souillure des richesses et, dans une paix parfaite,
avance vers le royaume de la pauvreté, afin que, à la source du
détachement, tu puisses boire à longs traits le vin de la vie
éternelle.
(Bahá'u'lláh, Les
Paroles Cachées (persan)
Faites connaître aux riches les plaintes nocturnes du pauvre, de crainte
que leur insouciance ne les conduise dans le chemin de la destruction et
ne les prive de l'arbre de richesse. Donner et se montrer généreux font
partie de mes attributs; heureux celui qui se pare de mes vertus.
(Bahá'u'lláh, Les
Paroles Cachées (persan) 49)
Servir les amis, c'est servir le royaume de Dieu, et être bienveillant à
l'égard des pauvres est l'un des principaux enseignements divins.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 11, p. 26)
La richesse est digne des plus grands éloges, si elle est le fruit des
efforts d'un individu et de la grâce de Dieu, dans le commerce,
l'agriculture, l'art et l'industrie, et si elle est consacrée à des buts
philanthropiques. En particulier, si un individu judicieux et ingénieux
devait promouvoir des mesures qui enrichiraient les masses
universellement, il ne pourrait y avoir de plus grande oeuvre que
celle-ci, et elle serait considérée par Dieu comme l'aboutissement
suprême, puisqu'un tel bienfaiteur pourvoirait aux besoins et assurerait
le confort et le bien-être d'une grande multitude. La richesse est digne
d'éloges, à condition que la population entière soit riche. Si, toutefois,
un petit nombre se caractérise par une richesse démesurée alors que le
reste de la population se trouve appauvrie, et qu'aucun fruit ou bénéfice
ne provient de cette richesse, alors elle ne sera jamais qu'un handicap
pour son détenteur. Si, d'autre part, elle est consacrée à la promotion
des connaissances, l'établissement d'écoles primaires et autres lieux
d'enseignement, le développement des arts et des industries, la formation
des orphelins et des pauvres - en bref, si elle est consacrée au bienfait
de la société - son détenteur apparaîtra devant Dieu et les hommes comme
l'excellence même vivant sur terre, et sera considéré comme l'un des
représentants du paradis.
('Abdu'l-Bahá, Le
Secret de la Civilisation Divine, p. 44-45)
Aucune action de l'homme n'est plus grande aux yeux de Dieu que d'aider
les pauvres.... Chacun de vous doit avoir une grande considération pour
les pauvres et leur prêter assistance. Faites un effort pour les aider et
pour prévenir l'accroissement de la pauvreté. Le plus grand moyen pour la
prévenir c'est que les lois de la communauté soient formulées et
promulguées de telle sorte qu'il ne soit pas possible qu'un petit nombre
soient millionnaires et que beaucoup soient dépourvus. L'un des
enseignements de Bahá'u'lláh est l'ajustement des moyens d'existence dans
la société humaine. Selon cet ajustement, il ne peut y avoir d'extrêmes
dans les conditions humaines en ce qui concerne la richesse et la
subsistance. Car la communauté a besoin de financiers, de fermiers, de
marchands et de manoeuvres, de même qu'une armée doit se composer de
commandants, d'officiers et de simples soldats. Tous ne peuvent être
commandants, tous ne peuvent être officiers ou simples soldats. Chacun à
son échelon dans la structure sociale doit être compétent; chacun dans sa
fonction selon sa capacité; mais chances équitables pour tous.
('Abdu'l-Bahá, Les
Bases de l'Unité du Monde, p. 51-52)
Bahá'u'lláh enseigne encore la liberté de l'homme, l'idée que, par le
Pouvoir idéal, il devrait être libre et émancipé de la captivité du monde
de la nature car, tant que l'homme est prisonnier de la nature il est un
animal féroce, car la lutte pour l'existence est une des exigences du
monde de la nature. Or, ce problème du combat pour l'existence est la
source de toutes les calamités et constitue la suprême affliction.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 227, p. 301)
CONTENTEMENT
Le Chercheur... doit se contenter de peu, et ne jamais demander plus
qu'il n'a.
(Bahá'u'lláh, Le
Livre de la Certitude (Kitáb-i-Iqán) p. 107)
La vie est si complex présentement, et nous la rendons plus complex
encore de jour en jour. Les besoins de l'humanité semble ne jamais
s'arrêter. Le plus les gens accumulent des biens, le plus qu'ils désirent.
Il n'y a qu'une seule voie de liberté et c'est en fermant ses yeux et son
coeur à tous ces choses qui sont une distraction pour l'esprit.
(Words of 'Abdu'l-Bahá, from the
Diary of Ahmad Sohrab, September 21, 1913. Star of the West, Vol. 8
(April 9, 1917) no. 2, p. 17. Quoted in The
Wisdom of the Master: The Spiritual Teachings of 'Abdu'l-Bahá.
Los Angeles, Kalimát Press, 2002) Traduction provisoire
DISTRIBUTION DE LA RICHESSE
Ne passe jamais les bornes de la modération et traite équitablement ceux qui te servent. Donne-leur selon leurs besoins, mais jamais dans la mesure qui leur permettrait d'entasser pour eux-mêmes des trésors, de parer leurs personnes, d'embellir leurs intérieurs, d'acquérir ce qui ne leur serait aucunement profitable et les mettrait seulement au nombre des extravagants. Exerce envers eux une indéfectible justice, de sorte que nul d'entre eux ne soit dans le besoin ni ne regorge de richesses. Ce n'est là que justice manifeste.
Ne permets pas que des esprits abjects dominent les coeurs nobles et dignes d'honneur, ne souffre point que de belles âmes soient à la merci d'êtres vils et méprisables. Or, c'est un tel ordre de choses, et cela Nous l'attestons, que Nous avons constaté lors de notre arrivée dans la ville (Constantinople). Nous avons vu, parmi ses habitants, tels qui possédaient d'immenses fortunes et vivaient dans une richesse excessive, alors que d'autres souffraient toutes les abjections de la pauvreté. Cela ne saurait convenir à ta souveraineté ni être tenu pour digne de ton rang.
Accueille donc mes avis et efforce-toi de gouverner avec équité, afin que
Dieu puisse exalter ton nom et répandre au loin dans le monde la renommée
de ta justice. Veille à ne pas agrandir tes ministres aux dépens de tes
sujets. Crains les soupirs du pauvre et du juste qui, à chaque lever de
l'aurore, se lamentent sur leur triste sort, et sois pour eux un
bienveillant souverain. Ils sont, en vérité, tes trésors sur la terre. Il
te convient donc de mettre tes trésors à l'abri des assauts de ceux qui
voudraient te les dérober. Enquiers-toi de leurs affaires et inquiète-toi
chaque année, chaque mois même, de leur condition. Ne sois pas de ceux qui
négligent leur devoir.
(Bahá'u'lláh, Extraits
des Ecrits de Bahá'u'lláh, MEB, 114, p. 154-155)
Au nombre des enseignements de Bahá'u'lláh, on trouve le partage
volontaire de ses biens avec d'autres hommes. Ce partage volontaire est
supérieur à l'égalité, et il consiste en ceci que l'homme ne doit pas se
préférer à autrui mais, plutôt, sacrifier aux autres sa vie et ses
possessions. Ceci ne doit toutefois pas être introduit par voie
coercitive, comme une loi que les hommes seraient contraints de respecter.
Non, l'homme doit, spontanément et de son plein gré, sacrifier à autrui sa
propriété et sa vie, et contribuer volontairement à aider les indigents,
comme c'est le cas en Perse parmi les bahá'ís.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 227, p. 301)
...les enseignements de Bahá'u'lláh préconisent le partage volontaire, et ceci est bien meilleur que l'égalisation de la richesse, car l'égalisation doit être imposée de l'extérieur, alors que le partage est affaire de libre choix.
L'homme atteint à la perfection par de bonnes actions qu'il accomplit
volontairement, et non par les bonnes actions dont la réalisation lui a
été imposée. Le partage est un acte de justice que l'on choisit à titre
personnel; autrement dit, les riches devraient accorder leur assistance
aux pauvres, dépenser leur fortune au profit des indigents, mais de leur
plein gré, et non parce qu'ils y ont été contraints par la force, car la
force ne récolte que le trouble et provoque la ruine de l'ordre social.
D'un autre côté, le partage volontaire, la dépense - librement consentie -
de sa propre richesse, contribue au bien-être et à la paix sociale,
éclaire le monde et prodigue l'honneur à l'humanité.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 79, p. 114)
La base fondamentale de la communauté est l'agriculture, le labourage du
sol. Tous doivent être producteurs. Chaque personne de la communauté dont
le revenu est égal à sa capacité productrice individuelle sera exempte de
taxes. Mais si son revenu est plus grand que ses besoins, elle devra payer
une taxe jusqu'à ce qu'un ajustement soit effectué. Cela veut dire que la
capacité d'un homme à produire et ses besoins seront égalisés et conciliés
par la taxation. Si sa production est en excès il ne paiera pas de taxes;
si ses besoins excèdent sa production il recevra une valeur suffisante
pour égaliser ou ajuster. En conséquence, la taxation sera proportionnée à
la capacité et à la production et il n'y aura pas de pauvres dans la
communauté.
('Abdu'l-Bahá, Les
Bases de l'Unité du Monde, p. 53)
Au tout premier rang se trouve le principe suivant: à tous les membres de la collectivité seront données les plus grandes réalisations du monde de l'humanité. Chacun aura la plus grande prospérité et le plus grand bien-être. Pour résoudre ce problème nous devons commencer par le fermier; c'est là que nous poserons la base d'un système et d'un ordre parce que la classe paysanne et la classe agricole dépassent les autres classes par l'importance de leur service. Dans chaque village sera établi un fonds général qui aura un certain nombre de revenus. Le premier revenu sera celui du dixième ou de la dîme. Le second revenu sera tiré des animaux. Le troisième revenu, des minéraux, c'est-à-dire que pour chaque mine prospectée ou découverte un tiers ira à ce vaste fonds. Le quatrième est celui-ci : tout l'héritage de quiconque meurt sans laisser d'héritiers ira à ce fonds général. Le cinquième : tout trésor trouvé sur la terre sera consacré à ce fonds.
Tous ces revenus seront rassemblés dans ce fonds. En ce qui concerne le premier, le dixième ou dîme: nous prendrons le cas d'un fermier, l'un des paysans. Nous nous informerons de ses revenus. Nous verrons par exemple quel est son revenu annuel et aussi quelles sont ses dépenses. Maintenant, si son revenu est égal à ses dépenses, absolument rien ne sera pris à ce fermier. C'est-à-dire qu'il ne sera soumis à aucune taxation puisqu'il a besoin de tout son revenu. Un autre fermier peut avoir des dépenses s'élevant à mille dollars, dirons-nous, alors que son revenu est de deux mille dollars. De celui-là il sera exigé un dixième, parce qu'il a un surplus. Mais si son revenu est de dix mille dollars et ses dépenses de mille dollars, ou son revenu de vingt mille dollars, il devra payer un quart comme taxe. Si son revenu est de cent mille dollars et ses dépenses de cinq mille, il devra payer un tiers parce qu'il a toujours un surplus puisque ses dépenses sont de cinq mille et son revenu de cent mille. S'il paie, disons, trente-cinq mille dollars en plus de la dépense de cinq mille, il lui reste encore soixante mille. Mais si ses dépenses sont de dix mille et son revenu de deux cent mille, il devra alors donner une moitié parce que dans ce cas la somme restante sera de quatre-vingt-dix mille. Une telle échelle déterminera la part des taxes. Tout l'impôt sur de tels revenus ira à ce fonds général.
Il faut alors prendre en considération des urgences comme celles-ci : un certain fermier dont les dépenses s'élèvent à dix mille dollars et dont le revenu n'est que de cinq mille recevra de ce fonds le montant nécessaire à ses dépenses. Il lui sera alloué cinq mille dollars pour qu'il ne soit pas dans le besoin.
Ensuite, on prendra soin des orphelins dont on assumera toutes les dépenses. On assumera toutes les dépenses des infirmes du village. On couvrira les dépenses nécessaires des pauvres du village. Et l'on devra prendre soin du confort de tous les autres membres qui, pour des raisons valables, sont frappés d'incapacité: les aveugles, les vieillards, les sourds. Personne dans le village ne restera dans le besoin. Tous vivront dans la plus grande prospérité et le plus grand bien-être. Ainsi, aucun schisme n'accablera l'ordre général de la collectivité. Les dépenses et les frais du fonds général sont maintenant clairs et ses activités évidentes.
On a montré le revenu de ce fonds général. Certains administrateurs seront élus par les habitants d'un village donné pour surveiller ces transactions. On prendra soin des fermiers et si, une fois toutes ces dépenses couvertes, l'on trouve un surplus dans ce fonds il devra être transféré au trésor national.
Ce système est ainsi ordonné pour que dans le village les très pauvres soient à leur aise, les orphelins vivent bien et heureux; en un mot, aucun ne sera indigent. Tous les membres individuels de la collectivité vivront ainsi confortablement et bien.
Naturellement, pour des villes plus grandes il y aura un système sur une
plus grande échelle. Si j'approfondissais cette solution les détails en
seraient passablement longs.
('Abdu'l-Bahá, Les
Bases de l'Unité du Monde, p. 56-58)
LE CAPITAL ET L'EMPLOI
La question de la socialisation est très importante. Elle ne sera pas
résolue par des grèves à cause des salaires. Tous les gouvernements du
monde doivent s'unir et organiser une assemblée dont les membres seront
élus parmi les parlements et les gens nobles des nations. Ces membres
devront faire des plans avec la plus grande sagesse et la plus grande
autorité afin que les capitalistes ne souffrent pas de pertes énormes et
que les travailleurs ne puissent être dans le besoin. Ils devraient
légiférer avec la plus grande modération, puis annoncer au public que les
droits des travailleurs doivent être fermement préservés. Les droits des
capitalistes doivent également être protégés. Lorsqu'un plan général
de cette sorte sera adopté par la volonté des deux côtés, tous les
gouvernements du monde devront, si une grève survient, y résister
collectivement. Autrement, le problème du travail conduira à une grande
destruction, particulièrement en Europe. De terribles choses se
produiront.
Par exemple, les propriétaires de terres, de mines et d'usines devraient
partager leurs revenus avec leurs employés et donner un certain
pourcentage juste de leurs profits à leurs ouvriers afin que les employés
puissent recevoir, en dehors de leur salaire, une partie du revenu général
de l'usine pour que l'employé puisse mettre toute son âme dans son
travail.
Dans l'avenir, il ne restera plus de trusts. La question des trusts disparaîtra complètement. De plus, chaque usine qui a dix mille actions en donnera deux mille à ses employés et les mettra à leur nom afin qu'ils puissent les avoir, et le reste appartiendra aux capitalistes. Ensuite, à la fin du mois ou de l'année, tout ce qu'ils pourront gagner une fois les dépenses et les salaires payés devra être partagé entre les deux selon le nombre d'actions. En réalité, il a été fait jusqu'à présent une grande injustice à la masse, Des lois doivent être faites, car il n'est pas possible que les travailleurs soient satisfaits du système actuel. Ils feront la grève chaque mois et chaque année. Finalement, les capitalistes perdront.
('Abdu'l-Bahá, Les Bases de l'Unité du Monde, p. 61)LE TRAVAIL
Vous êtes les arbres de mon jardin; vous devez produire des fruits
merveilleux et de bel aspect, dont vous-mêmes et d'autres profiteront. Il
appartient donc à chacun d'exercer un metier ou une profession, car c'est
là le secret de la richesse, ô hommes d'intelligence. En effet, les
résultats dépendent des moyens et la grâce de Dieu vous suffira amplement.
Les arbres qui ne donnent pas de fruits ont été et seront toujours bons à
mettre au feu.
(Bahá'u'lláh, Les
Paroles Cachées (persan) 80)
Les hommes les meilleurs sont ceux qui gagnent leur vie dans leur métier
et, pour l'amour de Dieu, le Seigneur de tous les mondes, dépensent leur
argent pour eux-mêmes et pour leurs semblables.
(Bahá'u'lláh, Les
Paroles Cachées (persan) 82)
Ô peuple de Bahá ! Il incombe à chacun de vous de se livrer à une
occupation telle que l'artisanat, le commerce ou toute autre activité.
Nous avons élevé votre engagement dans un tel travail au rang de
l'adoration du seul vrai Dieu.... Ne gaspillez pas vos heures dans
l'oisiveté et la paresse, mais consacrez-vous à ce qui vous profitera, à
vous et aux autres.... Aux yeux de Dieu, les hommes les plus méprisables
sont ceux qui s'asseyent et mendient. Tenez-vous fermement à la corde des
ressources et placez votre confiance en Dieu, Celui qui pourvoit à tout.
(Bahá'u'lláh, Kitáb-i-Aqdas,
para. 33, p. 31)
Kitáb-i-Aqdas, note 56. ... se livrer à une occupation... para. 33
Il est obligatoire pour les hommes et les femmes de se livrer au commerce ou de s'engager dans une profession. Bahá'u'lláh élève "l'engagement dans un travail" au "rang d'adoration" de Dieu. La signification spirituelle et pratique de cette loi, et la responsabilité mutuelle de l'individu et de la société quant à sa réalisation, sont expliquées dans une lettre écrite de la part de Shoghi Effendi :
En ce qui concerne le commandement de Bahá'u'lláh relatif à l'engagement des croyants dans quelque profession que ce soit : les enseignements à ce sujet sont très catégoriques, tout particulièrement la déclaration dans l'Aqdas, qui explique clairement que les désoeuvrés qui n'ont aucun désir de travailler, ne peuvent avoir de place dans le nouvel ordre mondial. En corollaire à ce principe, Bahá'u'lláh déclare plus loin, que la mendicité devrait, non seulement être découragée, mais entièrement éradiquée de la société. Il est du devoir de ceux qui ont la charge de l'organisation de la société, de donner à chaque individu l'opportunité d'acquérir le talent nécessaire à l'exercice d'une profession, quelle qu'elle soit, ainsi que les moyens d'utiliser ce talent, tant pour son bien que pour gagner sa vie. Chaque individu, aussi handicapé ou limité qu'il puisse être, est dans l'obligation de s'engager dans une quelconque profession car le travail, surtout quand il est accompli dans un esprit de service est, selon Bahá'u'lláh, une forme d'adoration. Il n'a pas seulement un but utilitaire mais il est une valeur en soi, car il nous rapproche de Dieu et nous permet de mieux saisir son dessein pour nous ici-bas. Il est évident, de ce fait, que l'héritage de richesses ne peut dispenser quiconque du travail quotidien".
Dans une de ses tablettes, Abdu'l-Bahá déclare que "si une personne est incapable de gagner sa vie, qu'elle est frappée d'une extrême pauvreté ou se trouve sans ressources, alors il incombe aux riches ou aux mandataires de lui fournir une allocation mensuelle destinée à sa subsistance... Par "mandataires" il faut entendre les représentants du peuple, c'est-à-dire les membres de la maison de justice".
En réponse à une question demandant si l'injonction de Bahá'u'lláh exigeait qu'une épouse et mère travaille aussi, comme son mari, pour gagner sa vie, la Maison Universelle de Justice a expliqué que la directive de Bahá'u'lláh s'adressait aux amis pour qu'ils se livrent à une occupation qui sera profitable à eux-mêmes et aux autres, et que vaquer aux soins du ménage était un travail hautement honorable, une tâche à grande responsabilité et d'une importance fondamentale pour la société.
En ce qui concerne la retraite des personnes qui ont atteint un certain
âge, Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, déclara : "...
c'est là une question sur laquelle la Maison Internationale de Justice
devra légiférer, car il n'y a aucune disposition à ce sujet dans l'Aqdas".
(Kitáb-i-Aqdas,
note 56 à para. 33)
CONSTRUIRE UN NOUVEL ORDRE MONDIAL
Tous les hommes ont été créés pour travailler à l'établissement et à
l'amélioration croissante de la civilisation.
(Bahá'u'lláh, Extraits
des Écrits de Bahá'u'lláh, CIX, p. 198)
Il est certain que des entreprises importantes ne peuvent être menées
dans la hâte à une heureuse conclusion; qu'en de telles circonstances la
précipitation ne produirait que le gâchis. ...le monde politique ne peut
évoluer instantanément du nadir de l'imperfection au zénith de la justice
et de la perfection. Et qui plus est, les individus qualifiés doivent
oeuvrer jour et nuit, usant de tous les moyens conduisant au progrès,
jusqu'à ce que gouvernement et peuple se développent sous tous les
rapports, jour après jour, et même d'un instant à l'autre.... Il en ira de
même quand les pures intentions et la justice des gouvernants, la sagesse,
l'adresse consommée et la diplomatie des autorités se combineront avec la
détermination et les efforts incessants du peuple; alors, jour après jour,
se manifesteront clairement les effets du progrès, des réformes de grande
envergure, de la fierté et de la prospérité tant du gouvernement que du
peuple.
('Abdu'l-Bahá, Le
Secret de la Civilisation Divine, p. 135-136)
L'unité de la race humaine telle que la conçoit Bahá'u'lláh implique l'établissement d'une communauté universelle où toutes les nations, races, classes et croyances seront étroitement et définitivement unies, où l'autonomie des États-membres et la liberté personnelle, ainsi que l'initiative des individus seront définitivement et intégralement sauvegardées. Cette communauté, pour autant que nous puissions l'imaginer, comportera une législature universelle dont les membres, en tant que représentants de la race humaine, auront le contrôle suprême de toutes les ressources des nations qui la composeront, et édicteront les lois nécessaires pour régler la vie de tous les peuples et de toutes les races, pour répondre à leurs besoins et harmoniser leurs relations....
Les ressources économiques du monde seront organisées, toutes les sources de matières premières seront exploitées à plein rendement, tous les marchés coordonnés et développés, et la distribution des produits équitablement réglée....
Un système de fédération universelle qui régira la terre entière et
exercera sur ses ressources, d'une ampleur inimaginable, une autorité à
l'abri de toute discussion; un système qui... tendra à l'exploitation de
toutes les sources d'énergie disponibles à la surface de la planète...,
tel est le but vers lequel les forces unifiantes de la vie poussent
l'humanité.
(Shoghi Effendi, L'Ordre
mondial de Bahá'u'lláh, p. 197-199)
DURABILITÉ SOCIALE
L'UNITÉ
L'acceptation de l'unité de la race humaine est la condition fondamentale
de la réorganisation et de l'administration du monde considéré comme un
seul pays, le foyer de l'humanité.
(Maison Universelle de Justice, Promesse
de la Paix mondiale, 1985, III)
...tous les membres de la famille humaine - qu'il s'agisse de peuples ou
de gouvernements, de villes ou de villages- sont toujours plus
dépendants les uns des autres. L'autarcie n'est plus possible pour
quiconque, dans la mesure où des liens politiques unissent tous les
peuples et les nations et où les relations commerciales, industrielles,
agricoles et pédagogiques s'intensifient jour après jour. L'unité de toute
l'humanité peut donc aujourd'hui être réalisée.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 15, p. 31)
Le principe de base d'une stratégie qui engage la population mondiale à assumer la responsabilité de son destin collectif doit se fonder sur la conscience de l'unité du genre humain. D'une simplicité trompeuse lorsqu'énoncé en termes généraux, le concept de l'humanité formant un seul peuple exprime une remise en cause fondamentale de la manière dont la plupart des institutions de la société contemporaine fonction- nent. Que ce soit sous la forme de la compétition pour l'accession au pouvoir dans les institutions publiques, du principe de l'assistanat dans la plaidoirie qui inspire presque l'ensemble du droit civil, de l'apologie de la lutte des classes et des autres groupes sociaux, ou encore de l'esprit de concurrence qui domine tant d'aspects de la vie moderne, la relation conflictuelle est partout acceptée comme le mobile principal des relations humaines. Or le conflit n'est, entre autres, que l'expression, dans l'organisation sociale, d'une interprétation matérialiste de la vie qui s'est progressivement imposée ces deux derniers siècles....
Poser les bases d'une civilisation mondiale revient à créer des lois et
des institutions de nature et de portée universelles. L'effort ne pourra
être amorcé que lorsque le concept de l'unité de l'humanité aura été
accepté sans réserves par ceux qui ont la responsabilité de prendre des
décisions et lorsque les principes qui en découlent seront propagés par
les systèmes d'éducation et par les moyens de communication. Une fois ce
seuil franchi, le mouvement ainsi déclenché poussera les peuples de la
terre à formuler des objectifs communs et à s'engager à les atteindre. De
plus, seul un changement de cap aussi radical pourra les protéger des
vieux démons des luttes ethniques et religieuses. Ce n'est en effet qu'en
prenant conscience qu'ils ne forment qu'un seul peuple que les habitants
de cette planète seront en mesure de se détourner des schémas conflictuels
qui ont dominé l'organisation sociale du passé, et qu'ils commenceront à
emprunter les voies de la collaboration et de la réconciliation. "Le
bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité ne pourront être obtenus",
affirme Bahá'u'lláh, "tant que son unité n'est fermement établie".
(Communauté internationale bahá'íe,
Vers une humanité prospère,
1995)
LA PLACE DE L'HUMANITÉ DANS LE MONDE NATUREL
L'homme est doté d'une réalité extérieure ou physique.... Comme les animaux, le corps humain est soumis aux lois de la nature. Mais l'homme est doté d'une deuxième réalité, la réalité rationnelle ou intellectuelle; et la réalité intellectuelle de l'homme prédomine la nature....
Cependant, il y a dans l'homme une troisième réalité, la réalité
spirituelle.... Cette réalité spirituelle... délivre l'homme du
monde matériel. Par son pouvoir l'homme échappe au monde de la nature.
Libéré, il trouvera une réalité qui illumine, transcendant la réalité
limitée de l'homme et lui permettant d'atteindre l'infinité de Dieu, le
soustrayant au monde des superstitions et des imaginations, et le
plongeant dans l'océan des rayons du Soleil de Réalité.
('Abdu'l-Bahá, Les
Bases de l'Unité du Monde, p. 72)
Dieu a doué l'homme d'une puissance si merveilleuse qu'il est capable de
guider, maîtriser et contrôler la nature.
('Abdu'l-Bahá, Causeries
d''Abdu'l-Bahá à Paris, 3e ed., p. 104)
...l'homme... devrait être libre et émancipé de la captivité du monde de
la nature car, tant que l'homme est prisonnier de la nature il est un
animal féroce, car la lutte pour l'existence est une des exigences du
monde de la nature.
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 227, p. 301)
LA CIVILISATION MATERIELLE
La civilisation, tant vantée par les représentants les plus qualifiés des
arts et des sciences, apportera de grands maux à l'humanité, si on lui
laisse franchir les limites de la modération.... La civilisation,
d'où découle tant de bien lorsqu'elle reste modérée, deviendra, si elle
est portée à l'excès, une source aussi abondante de mal.... Le jour
approche où elle dévorera de ses flammes toutes les cités du monde....
(Bahá'u'lláh, Extraits
des Ecrits de Bahá'u'lláh, 163, p. 225, et Foi
Mondiale Bahá'íe, p. 328-329)
Des choses étranges et étonnantes existent sur la terre, mais elles sont
cachées à l'esprit et à la compréhension des hommes. Ces choses sont
capables de changer toute l'atmosphère terrestre et leur contamination
pourrait s'avérer mortelle.
(Bahá'u'lláh, Les
Tablettes de Bahá'u'lláh, p. 72)
La culture de consommation, héritière par défaut de l'évangile
matérialiste de l'amélioration humaine, ne s'embarrasse pas de la nature
éphémère des buts qui l'inspirent. Pour la minorité qui peut se l'offrir,
les avantages recueillis sont immédiats et la raison n'est pas un
argument. Enhardie par la faillite de la morale traditionelle, l'avancée
du nouveau credo n'est en fait rien de plus que le triomphe d'une
impulsion animale, aussi instinctive et aveugle que l'appétit, libérée
finalement du frein des sanctions supranaturelles. Des tendances fustigées
universellement dans le passé comme défauts moraux sont devenues des
nécessités du progrès social. L'égoïsme devient une ressource commerciale
appréciée ; le mensonge s'invente un habit d'information publique ; des
perversions de toutes sortes revendiquent sans vergogne le statut de
droits civils. Sous des euphémismes appropriés, l'avidité, la luxure, la
paresse, l'orgueil – la violence même – sont largement acceptés, et
acquièrent de plus une valeur sociale et économique.
(Communauté internationale baha'ie,
Une seule et même Foi, 2005, p.
7)
Autre défi pour la pensée économique : la crise de l'environnement. Il est aujourd'hui, froidement démontré que les théories fondées sur la croyance que la nature possède une capacité illimitée à répondre à toutes les exigences humaines sont fallacieuses. Une culture qui attache une valeur absolue à l'expansion, à l'acquisition et à la satisfaction des besoins se voit confrontée à une évidence : de tels buts ne suffisent pas, en soi, à déterminer une politique cohérente. D'autre part, toute prise de décision pour tenter de résoudre les questions économiques qui ne tiendrait pas compte du fait que la plupart des problèmes importants sont plus mondiaux que locaux, serait tout à fait inadéquate.
L'espoir fervent que cette crise morale pourra être résolue, d'une
manière ou d'une autre, en déifiant la nature elle-même, n'est qu'un signe
évident du désespoir intellectuel et spirituel engendré par la crise. Même
si elle est bienvenue, la reconnaissance que la création est un tout
organique et que l'humanité a le devoir d'en prendre soin ne suffit pas à
influencer la conscience des peuples au point de créer un nouveau système
de valeurs. C'est seulement en franchissant un seuil décisif dans la
compréhension, à la fois scientifique et spirituelle, que l'espèce humaine
aura la force d'assumer les responsabilités que l'histoire lui
impose.
(Communauté internationale bahá'íe,
Vers une humanité prospère,
1995)
Toutefois, tant que les réalisations matérielles et les vertus humaines
ne seront pas renforcées par des perfections d'ordre spirituel, par des
qualités lumineuses et par des caractéristiques de la miséricorde, ces
réalisations et ces vertus demeureront stériles, et le bonheur du monde de
l'humanité - ce but ultime - ne sera pas atteint. Car même si les
réalisations matérielles et le développement du monde physique apportent
la prospérité qui révèle de façon exquise les buts auxquels elle tend, la
menace du danger, de cruelles calamités et de violentes afflictions n'en
demeure pas moins présente.... Progrès et barbarisme vont de pair, tant
que la civilisation matérielle n'est pas confirmée par la direction
divine... tant qu'elle n'est pas renforcée par la conduite spirituelle...
('Abdu'l-Bahá, Sélection
des Écrits d''Abdu'l-Bahá, 225, p. 282)
Une telle vie chaste et sainte... n'implique rien de moins que l'exercice
de la modération dans tout ce qui se rapporte aux habits, au langage, aux
distractions et à toute occupation artistique et littéraire.... Elle
réclame l'abandon d'une conduite frivole avec son attachement excessif aux
plaisirs futiles et souvent mal dirigés.... Elle ne peut consentir aucun
compromis envers les théories, les standards, les habitudes et les excès
d'un âge décadent.
(Shoghi Effendi, L'Avènement
de la Justice Divine, p. 43)
La loyauté est le plus grand portail menant à la quiétude et à la
sécurité des peuples. En vérité c'est d'elle qu'a dépendu et que dépend la
stabilité de chaque chose.
(Bahá'u'lláh, Les
Tablettes de Bahá'u'lláh, p. 37)
CONNAISSANCE ET SCIENCE
La troisième Tajallí concerne les arts, les métiers et les sciences. La
connaissance est comme des ailes pour la vie de l'homme et une échelle
pour son ascension. Il incombe à chacun de l'acquérir. Néanmoins, il
faudrait acquérir la connaissance des sciences qui sont profitables aux
peuples de la terre, mais non de celles qui commencent par des mots et
finissent par des mots. Grand en effet est le droit des hommes de science
et des artisans sur les peuples du monde.... En vérité, la connaissance
est un véritable trésor pour l'homme et une source de gloire, de bonté, de
joie, d'exaltation, de courage et de bonheur pour lui.
(Bahá'u'lláh, Les
Tablettes de Bahá'u'lláh, p. 53-54)
La réalité est une, et lorsque la vérité est recherchée et vérifiée, elle
conduira au progrès individuel et collectif. Dans la recherche de la
vérité, la science et la religion - les deux systèmes de connaissances à
la portée de l'humanité - doivent avoir une influence réciproque, proche
et continuelle. La perspicacité et les compétences que représentent les
aboutissements scientifiques doivent se tourner vers la puissance des
responsabilités spirituelles et des principes moraux, afin d'assurer leur
application correcte.
(Communauté Internationale Bahá'íe
(1998), Place et importance de la
spiritualité dans le développement)
La constitution d'une société globale requiert le développement d'aptitudes se situant bien au-delà du champ des possibilités actuelles de l'espèce humaine. Les défis futurs exigent un accroissement énorme de l'accès aux connaissances aussi bien de la part des individus que des organisations. L'éducation universelle sera un agent indispensable à l'élaboration de ces aptitudes, mais un effort ne porte ses fruits qu'à la condition expresse que les individus et les groupes de chaque secteur de la société soient à même d'acquérir des connaissances et de s'en servir pour la conduite des affaires humaines.
L'éducation se poursuit toute la vie. Elle devrait aider les personnes à
développer les connaissances, valeurs, comportements et aptitudes
nécessaires au maintien d'un emploi et à la contribution sûre et positive
de communautés reflétant les principes de justice, d'équité et d'unité.
Elle devrait aider l'individu à trouver sa place dans la communauté, ayant
ses racines dans un lieu local, mais s'étendant au monde entier. Une
éducation réussie cultivera la vertu comme fondement du bien-être
personnel et collectif, et développera chez les individus un sens profond
du service et un dévouement actif au bien-être de leurs familles, leurs
communautés, leurs pays, voire de l'humanité toute entière. Elle
encouragera la réflexion personnelle et l'aptitude à penser en termes de
processus historique, et encouragera l'inspiration au travers des moyens
tels la musique, les arts, la méditation, et l'interaction avec
l'environnement naturel.
(Communauté Internationale
Bahá'íe (1998), Place
et importance de la spiritualité dans le développement
Forum International pour l'Environnement - Dernière mise à jour le 13 décembre 2007